L’art colonial demeure visible dans le style architectural des constructions érigées dans les pays colonisés pendant la période d’expansion européenne. Il existe de nombreux et intenses liens entre la colonisation et l’art. Visite guidée.
Architecture religieuse importée d’Europe
La connexion entre colonisation et évangélisation est un peu plus assumée dès le concile de Trente. La meilleure définition des fonctions au sein de l’Église rend visibles plusieurs figures de l’architecture coloniale à usage religieux :
- La cathédrale étant en quelque sorte le bureau de l’évêque, elle utilise massivement un style de construction typiquement européen. Ainsi, ont fleuri des cathédrales de type gothique dans des pays très éloignés de l’Europe. Exemple : la cathédrale de Saint Domingue, elle est quasiment une copie conforme de celle de Séville en Espagne.
- L’étape suivante de l’évolution architecturale des bâtiments religieux surviendra avec l’apparition du plan dit “en halle”. Il est caractérisé par des colonnes. Cet élément architectural est aussi une importation et une transposition des styles Andalous. C’est le style de la cathédrale de Mérida au Mexique. Le bâtiment est riche en travées, en voûtes suspendues, en coupoles dotées de caissons…
Et les styles de construction se mélangèrent !
Un des problèmes lorsqu’il faut construire une chapelle ou une cathédrale à l’autre bout du monde, c’est que les architectes ont beau porter leurs règles comme une affiche Desenio les réalités du territoire éloigné de l’Europe ont une influence qui peut être petite, moyenne ou considérable au point de causer une modification nette des plans et des projets.
De nombreux ordres liés à l’Église catholique ont ainsi diffusé les styles architecturaux d’Europe dans des terres telles que l’Équateur. Se succédèrent entre autres congrégations religieuses : les Franciscains, les Dominicains, les Augustins et les Jésuites.
Le style architectural a aussi été influencé par le fait que dans les pays colonisés, il y avait un nombre conséquent de personnes découvrant la foi chrétienne. Il fallut donc aménager des lieux spécifiquement pour ces cours de catéchèse. Ce fut souvent des atriums situés en face de l’église principale. Les constructeurs d’églises accompagnant les colons érigèrent aussi aux angles des cathédrales, des chapelles dites “reposoirs”. Elles étaient conçues pour accueillir des célébrants afin qu’ils disent la messe en plein air. De tels éléments architecturaux étaient quasiment inexistants en Europe.
Ce sont ces bâtiments périphériques qui ont le plus agrégé des styles architecturaux différents dans un ensemble finalement esthétiquement agréable. Certaines spécificités architecturales des territoires colonisés étant reprises dans les édifices religieux dans ce qui pourrait être qualifié de “dialogue architectural”. Ce dernier ayant précédé de plusieurs siècles la notion “d’inculturation” encourageant les prêtres à inclure des éléments culturels locaux dans les célébrations des messes.
Une construction remarquable
En Équateur, l’avant de l’église San Francisco de Quito mélange allègrement des boursouflures, des pointes copiant la structure du diamant, une grande porte d’entrée copiée dans le Traité de Vignole, ainsi qu’un majestueux escalier connectant le bâtiment religieux et l’atrium. Cet ensemble de formes a été conçu par un Franciscain flamand appelé Jodoco Ricke et réalisé un péruvien appelé Jorge de la Cruz Mitima.